Les conduites suicidaires...
Les conduites suicidaires...
1 . Introduction
• Expression d’un libre arbitre ou aliénation mentale ?
• Un acte privé au retentissement social
• 1ere cause de mortalité chez l’adulte jeune
• Suicide vs tentative de suicide
2. Définitions
• Suicide défini comme « le meurtre de soi-même » Abbé Desfontaines (1737)
• Tentative de suicide : toute conduite faisant apparaître le projet de se donner la mort quelque soit le degré d’ébauche du geste ou l’intention de son auteur
• Equivalents suicidaires : recherche indirecte de la mort (conduites à risque, refus alimentaire,…)
• La crise suicidaire : crise psychique dont le risque majeur est le suicide, représentée comme la trajectoire qui va du sentiment péjoratif d’être en situation d’échec et d’impasse à l’élaboration d’idées suicidaires de plus en plus envahissantes jusqu’à un éventuel passage à l’acte qui lui confère sa gravité
3. Historique
• Dans l’antiquité, une légitimité fixée par État
• Une condamnation par la morale judéo-chrétienne
• Une réprobation unanime parfois remise en question
• La psychiatrie contemporaine et la notion de groupe à risque
4. Epidémiologie
le suicide
• 12 000 décès/an en France
• Une augmentation chez les jeunes (15-34 ans) et une baisse relative chez les personnes âgées, qui sont les deux tranches d’âge à risque
• Augmentation de la mortalité avec l’âge
• Des variations régionales
• Prépondérance du sexe masculin (2/1)
• Diverses modalités : pendaison, arme à feu, noyade
• Une forte corrélation avec la maladie mentale (taux de suicide 2 à 3 fois supérieur à celui en population générale)
• Moins d’un quart des suicides en dehors de toute affection psychiatrique
les tentatives de suicide
• 120 000 TS /an en France
• Une surreprésentation féminine (2/1)
• Pic de fréquence entre 20 et 30 ans
• Principales modalités : intoxication médicamenteuse (80%), phlébotomie
• Un risque majeur : la récidive (40% des cas dont la moitié dans les 12 mois)
l’autopsie psychologique
• Un moyen récent d’investigation (1960)
• Un outil de prévention fondé sur le recueil rétrospectif d’informations auprès de l’entourage du suicidé par des entretiens standardisés
• Un objectif d’identification des facteurs de risque de suicide
• Des considérations éthiques...
• Résultats (Clark, 1992) :
• Un trouble psychiatrique dans 70-95% des cas
• Dépression 60%
• Abus/ dépendance à une substance 41%
• Trouble de la personnalité 40% (antisociale, limite)
la notion de facteurs de risque
• Notion d’élément pris dans une relation de corrélation avec la survenue d’un phénomène sans en être forcément la cause
• Une approche au niveau d’une population et non d’une causalité individuelle
• Une interaction entre ces différents facteurs
• Le suicide, un modèle plurifactoriel
• Conférence de consensus sur la crise suicidaire (ANAES, octobre 2000)
facteurs de risque primaires
• Existence de troubles psychiatriques
• Antécédents personnels ou familiaux de tentative de suicide
• Une dimension d’impulsivité
• L’expression d’une intention suicidaire
• è valeur d’alerte è action possible
facteurs de risque secondaires
• Pertes parentales précoces
• Isolement social
• Difficultés professionnelles et financières
• Evénement de vie négatif
• Défini comme un changement extérieur au sujet
• Lien temporel avec un passage à l’acte
• Plus fréquent dans les 6 mois précédants (dernier mois+++)
• è Faible valeur prédictives Peu accessible au traitement
facteurs de risque tertiaires
• Sexe masculin
• Age < 25 ans et > 70 ans
• Période de vulnérabilité (prémenstruelle)
facteurs de protection
• Support social
• Prise en charge thérapeutique
5. Clinique
• La rencontre avec le patient
• Evocation spontanée du désir de mort fréquente (75%), notamment avant le geste au travers d’une pensée incoercible, de comportements de fuite ou d’abandon
• Circonstances souvent difficiles, dans un contexte d’urgence, parfois de complications somatiques
• Etablir les conditions d’un retour à la parole
• Accueil dans une ambiance calme
• Isolement de l’environnement
• Ecoute attentive et empathique
• La nécessité d’un examen somatique pour apprécier le retentissement et amorcer le dialogue
• Pas de lien entre la gravité somatique et un éventuel trouble psychiatrique sous-jacent
• Entretien psychiatrique :
• Analyse des coordonnées de la conduite suicidaire
• lieu – moyens employés
• horaire – motivations
• Situer la conduite dans l’histoire du sujet
– ATCD personnels et familiaux
– Autres troubles des conduites (addictives, à risque,…)
– Biographie du patient jusqu’à la situation actuelle
• Examen psychiatrique
– Evaluation des fonctions supérieures
– Qualité du contact et de la relation à autrui
– Ajustement à la réalité
– Idées délirantes, trouble du cours de la pensée
– Niveau d’anxiété, stabilité thymique
• Entretien avec l’entourage
• Reconstitution des différentes étapes :
• L’avant : inexistant ou préparatifs minutieux
• Le passage à l ’acte :
– Le raptus
– Le syndrome présuicidaire de Ringel (1953)
• L’après : remords, détachement, critique du geste
• Le sens de la conduite :
• Une valeur escapiste
• Une dimension d’agressivité
• Un vécu de sacrifice
• Une dimension ludique
6. Diagnostic nosographique
• Suicide et organicité :
• Pathologie somatique chronique et invalidante (cancer)
• Trouble du comportement induit (automatisme moteur épileptique, désinhibition frontale)
• Une dimension réactionnelle :
• Situations d’exception (stress, guerre)
• En dehors de toute pathologie, dans le contexte d’une crise existentielle, d’une impasse conjoncturelle
• Existence de facteurs précipitants
• Suicide et trouble de l’humeur :
• Dépression surtout
• Sévérité de l’état dépressif : accès mélancolique
• Le suicide comme équivalent dépressif
• Suicide et psychose :
• Injonctions hallucinatoires dans le cadre de BDA
• Bizarrerie et détachement dans la schizophrénie
• Suicide et trouble de la personnalité :
• Etat limite et personnalité antisociale
• Favorisé par l’impulsivité et l’instabilité
• Suicide et névroses :
• Mise en scène et tendance à la récidive dans l’hystérie
• Un raptus anxieux propice à une impulsion autoagressive dans le cadre de TOC ou de troubles phobiques
• Suicide et addictions :
• Conduites toxicophiles, en particulier l’alcoolodépendance
• Effet desinhibiteur de l’alcool
• Ivresses aiguës
• Comorbidité avec la dépression
7. Etiopathogénie
• Hypothèses biologiques :
• Arguments génétiques :
– études de jumeaux (18%)
– prévalence de décès par suicide supérieure chez les parents biologiques vs parents adoptifs
• Approche biochimique :
– dysfonctionnement de l’axe sérotoninergique retrouvé dans le suicide, les TS et les comportements impulsifs et violents
• Approche psychopathologique :
• L’expression d’une pulsion de mort
• Un court-circuit de la parole
• Une dimension d’adresse à l’autre ou une tentative d ’anéantissement
8. Conclusion
• Un problème de santé publique qui concerne tous les professionnels de santé mais pas seulement
• La nécessité du lien dans une médecine qui ne doit pas se déshumaniser
• l’enjeu d’un vivre ensemble
By Lydie & Cidalia